Entre la place du 113e R.I. au centre du cercle et la place de France au centre de l'élipse, le coeur de la Cité balance.
Se peut-il que le trait de niveau matérialisé sur le plan de la Cité à hauteur de la place du 113e R.I. véhicule un message précis dont le sens eut été altéré si le trait avait été tracé à hauteur de la place de France ?
La question nous renvoie à l’apparente incohérence du témoignage recueilli auprès de l’Amicale des Cheminots situant « le cœur de la Cité » à hauteur de la place du 113e R.I. mais reconnaissant à la place de France les qualités de poumon de la vie sociale.
Cette perception des différents espaces de la Cité par ses propres habitants traduit une nette distinction des fonctions spatiales distribuées par un agencement urbain que Raoul Dautry lui-même à clairement nuancé par les largeurs différentes des voies, des trottoirs et de leur aménagement paysager.
Dès lors, il est probable que cette distinction du « cœur » et du « poumon » de la Cité ne doit rien au hasard ; entendez par-là que la forme même de la croix – en l’occurrence latine – formée par « le fil à plomb » et « le niveau » à hauteur de la place du 113e R.I., conditionne le sens du message véhiculé au travers de la profusion des symboles.
Concernant le croisement du fil à plomb et du niveau, les propos d’Irène Mainguy sont, dans Le symbolisme maçonnique du troisième millénaire, sans équivoque. « C’est après être passé par le stade d’une descente intérieure, dans nos zones d’ombre ou ténèbres intérieures, pour les identifier et les accepter par une réelle connaissance, que l’on pourra remonter jusqu’au niveau horizontal de la terre, lieu ou centre d’un axe formant une croix, à partir duquel on entreprendra d’approfondir tous les aspects de la dimension terrestre » explique t-elle.
Autrement dit, « l’approfondissement de tous les aspects de la dimension terrestre » se fera à partir du point jusqu’auquel on aura remonté depuis les profondeurs de notre descente intérieure ; à partir, en somme, du niveau de spiritualité que l’on aura choisi comme point d’ancrage dans la recherche de stabilité et d’équilibre puisque telle est la fonction assignée au niveau.
De ce propos, il ressort que, d’une façon générale, le positionnement du centre d’une croix le long de l’axe vertical du fil à plomb traduit, en quelque sorte, la part de spiritualité préalablement investie dans « l’approfondissement de tous les aspects de la vie terrestre. »
Il ressort également dans le cas particulier de notre Cité modèle que l’état d’esprit revendiqué par Raoul Dautry lorsqu’il traça son trait de niveau à hauteur de la place du 113e R.I. n’est pas celui qu’il eut donné à percer en traçant ce trait à hauteur de la place de France.
A chaque forme de croix son langage. Raoul Dautry aura vraisemblablement veillé dans ces conditions à ce que le langage de la sienne serve bien la cause qu’il entendait servir.
C’est sur ce langage des croix que nous nous pencherons dans notre prochain billet.
