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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 00:00

Lundi 13 février 2012 : Citemodele a aujourd’hui deux ans.

Deux ans pour 10000 visiteurs et un peu plus de 32 000 pages consultées : on ne peut guère parler de phénomène d’audience mais nos motifs de satisfactions sont ailleurs ; dans le chemin parcouru.

Sur le terrain de ses visites guidées, Daniel Druart pense «  avoir fait le tour des visiteurs du cru », mus par une curiosité qui se nourrit du bouche-à-oreille agrémenté d’une pointe de nostalgie.

Ses visiteurs viennent de plus en plus loin. De l’Oise, de la région parisienne – il en accueillera un car complet le printemps prochain encore-.

Ils viennent parfois de plus loin encore ; du sud de la France notamment. « Ce sont généralement des gens qui ont entendu parler de notre travail sur la Cité de Tergnier dans Esprit de Picardie. Lorsqu’ils ont l’occasion de remonter au Nord, ils font un crochet par Tergnier » explique t-il.

Esprit de Picardie, l’office du tourisme, le bulletin municipal, la Vie du rail, l’Union, le Courrier Picard, l’Aisne Nouvelle… La liste des partenaires occasionnels de la diffusion des fruits de notre travail s’allonge et nous attendons avec impatience la diffusion du documentaire sur lequel travaille depuis l’été dernier l’agence de presse télévisée Galaxie-Presse, fournisseur de contenus pour le compte des plus grandes chaînes (France Télévision, Arte, LCP, TF1…)

Mais la toile qui, patiemment, est tissée autour de la Cité de Raoul Dautry met aussi en scène des groupes de visiteurs généralement plus restreints, aux oreilles desquels l’accent maçonnique ne résonne manifestement pas comme un langage étranger.

Ceux-là viennent voir sur le terrain ce qu’ils approchent sur la toile informatique.

Les statistiques de Citémodele sont formelles : plus de 60% des visiteurs y viennent de leur propre chef, guidés par la frappe d’un mot clef qui ne laisse planer aucun doute quant à leurs motivations. Ainsi trouve t-on parmi les billets les plus consultés au cours de la dernière semaine des sujets traités voici plus d’un an sur la complémentarité de la perpendiculaire et du niveau, sur l’assimilation du plan de la Cité à un diagramme social ou encore sur l’empreinte d’un langage universel.

Ceux-là viennent jauger notre travail autant que nos intentions, pas très éloignées des leurs au final. Sur le terrain, ils viennent voir jusqu’où ont pu cohabiter spiritualité et matérialisme ; jusqu’où la spiritualité a pu étayer le matérialisme ; jusqu’où l’esprit et l’économie on pu ne faire qu’un.

Bien plus que  notre courbe d’audience, c’est la profondeur de ce questionnement que nous voulions mettre en exergue. C’est l’imprégnation d’une région et d’une population par l’action d’un homme que nous voulions mettre en évidence avant que sa trace ne s’estompe, recouverte à grand renfort de réformes et de chantiers de modernisation du rail, de crises de valeurs et de replis idéologiques.

Nous voulions rappeler qu’ici, il n’y a pas si longtemps, des hommes auxquels on confia la difficile et rigoureuse mission d’irriguer le territoire trouvèrent dans l’amour du travail bien fait une fierté qui fit d’eux des individus heureux à défaut d’être riches, solidaires à défaut d’être semblables et loyaux à défaut d’être dévots.

Dans un contexte qui érige la "valeur travail" en principe intangible sur lequel vient néanmoins se fracasser le sort réservé aux travailleurs, l’exercice n’a rien d’un sursaut de nostalgie.

Il consiste à interroger le passé pour tenter de comprendre pourquoi ceux qui se réclament aujourd’hui de ces valeurs et de ces principes prêchent, sciemment ou inconsciemment, dans le désert.

Il consiste à comprendre comment et dans quelles conditions une ville champignon a pu être cimentée par des liens aussi simples voire désuets que le travail, l’économie familiale, l’accès aux loisirs et la solidarité.  A comprendre pourquoi cette ville dans la ville a pu être le terreau d’une sérénité sociale qui a successivement traversé la crise des années trente, la guerre, les trente glorieuses, mai 68, la première crise pétrolière et le replis individualiste des années quatre-vingt pour ne commencer à vaciller qu'au début du troisième millénaire.

Alors que l’actualité nous commande de nous demander lequel nous manque le plus de l’écran plat dernier cri acheté à crédit ou du concert gratuit donné depuis un kiosque érigé dans un écrin de verdure, c’est au fond sur nous-mêmes et sur notre époque que nous invite à réfléchir le miroir de Raoul Dautry.

Bien d’autres découvertes encore nous attendent dans l’exploration de ce miroir qui s’ouvre comme une fenêtre sur l’actualité d’un passé pas si lointain ; sur l’évolution de la conception du travail, sur les rêves d’horizons nouveaux que fit naître le train en relativisant la notion de distance comme aujourd’hui l’ordinateur ; sur la transposition à d’autres villes par Raoul Dautry, de sa Cité modèle de Tergnier… Le voyage continue.

 

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L'histoire d'une Histoire

 

Vue aerienne

 

 

Ville-champignon érigée autour des rails, Tergnier est une ville que l'on croyait sans autre histoire que celle du chemin de fer et de ses destructions successives par les guerres jusqu'à ce que la curiosité de l'un de ses habitants, ancien épicier, mette à jour des richesses jusqu'alors insoupçonnées venues du fond des âges.  

Sautez dans «  le train en marche » et partager cette formidable aventure humaine aux confins du compagnonnage et de la franc-maçonnerie, dans des registres où se côtoient les applications les plus modernes de la sociologie et les plus anciens rites de fondation des villes, la psychologie et l'économie, l'Histoire officielle et l'actualité d'un passé qui interroge le présent....