De retour de Longueau où elle présentait en tant que salariée du comité d'établissement régional SNCF quelques panneaux photographiques consacrés aux installations ferroviaires de Tergnier, Chantale Deneuville est stupéfaite de l'accueil réservée par les habitants de l'agglomération amiènoise à la première fête du rail.
"Non seulement le public s'est déplacé en masse mais il s'est de surcroît montré extrêmement curieux et attentifs aux commentaires" explique t-elle.
Les installations ferroviaires de l'époque de la vapeur, les ateliers, la cité des cheminots, la vie dans la cité des cheminots... C'est bien entendu de l'âge d'or de la vie cheminote, à Longueau comme à Tergnier, dont il était question ce week end là puisque la première fête du rail était présentée par la commune de Longueau comme préalable à un projet de musée du rail destiné à préserver de l'oubli tout un pan de la mémoire collective et par là de l'identité de cette extension de la capitale picarde.
La portée identitaire de ce travail de mémoire, selon les témoignages recueillis sur place par Chantale Deneuville, est d'autant plus prégnante que la sensibilité de ses dépositaires est à fleur de peau. " J'y ai conversé avec des personnes âgées profondément troublées par l'évolution ferroviaire car la SNCF reste pour elles une machine gigantesque qui ne craint ni la concurrence, ni l'évolution technologique; une sorte de très grande famille au sein de laquelle on est en sécurité dès lors qu'on y entre " explique t-elle.
Plus encore que le désengagement de la SNCF des activités sociales qui cimentaient la communauté cheminote, c'est le sentiment diffus de la tromperie qui selon elle, alimente le trouble. " Ces gens là ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour une entreprise qui, elle-même, a donné le meilleur pour la Nation or les services sont progressivement démantelés au nom de la modernisation et de la concurrence non pas parce que le marché du transport est en crise mais parce que les options économiques qui y prédominent sont dictées par des critères de priorité étrangers à la culture cheminote. "
C'est d'une crise de valeurs fondatrices à la fois d'une grande entreprise nationale et d'un projet de société dont témoigne en somme Chantale Deneuville. Manifestement, elle a bien trouvé à Longueau l'empreinte de cet immense chantier social ouvert en son temps et contre les tendances dominantes de son époque par Raoul Dautry.
A l'occasion de cette première fête du rail de Longueau, Chantale Deneuville a présenté quelques superbes clichés représentatifs de la vie cheminote ternoise qu'elle espère pouvoir également présenter sous peu au public ternois.