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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 12:52

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Jean-Claude Poirier: " nous autres cheminots avons à coeur de transmettre notre culture..."

 

 

On n’interroge pas impunément les fondements d’une culture sans s’exposer aux foudres de ceux qui croyaient tout en connaître.

Daniel Druart et moi-même en avons fait l’expérience – si besoin était – durant ces quatre derniers jours au fil de l’exposition consacrée au Centre de vie à la communauté de destin de la ville de Tergnier et du chemin de fer.

Sur le fond, nul ne doute de la réalité de cette communauté, ce que résume d’ailleurs le plus sobrement du monde Jean-Claude Poirier, un passionné de modèles réduits de trains qui figure parmi les initiateurs de cette exposition : "  on sent bien aujourd’hui que la SNCF n’est plus pour Tergnier ce qu’elle fut, aussi nous autres cheminots avons à cœur de transmettre notre culture aux jeunes générations afin qu’elle ne s’éteigne pas " explique t-il devant un parterre d’écoliers fascinés par le va-et-vient des convois miniaturisés.

Sur la forme en revanche, l’exploration de l’Histoire entreprise par Daniel Druart sur la voie du compagnonnage intrigue, captive et parfois bouleverse au point de susciter des réactions hostiles.

" C’est tout de même bizarre que personne n’ai jamais rien remarqué jusqu’à présent " commente d’un ton acerbe un visiteur défiant devant l’exposé des symboles compagnonniques.

Sans doute faut-il là se souvenir des mésaventures d’un Copernic et plus tard d’un Galilée niant les qualités géocentriques de la Terre pour se convaincre que la vraie bizarrerie consiste à réfuter tout nouvel éclairage des faits au seul motif de sa nouveauté.

" Sans doute les cheminots étaient-ils trop cons pour le voir ! " s’exclame un autre visiteur franchement courroucé. Si tel avait été le cas, alors l’appréciation vaudrait tout autant pour le journaliste que je suis et pour Daniel Druart lui-même qui, bien qu’ayant grandi dans cette cité, n’en a abordé la genèse sous un angle nouveau qu’à l’âge de 72 ans.

 

Un sceptique collaborateur malgré-lui

 

L’exposition nous aura au final conforté dans ce que nous pressentions lorsque nous décidâmes de partager les fruits de nos investigations : si le public se montre majoritairement curieux, intéressé voire passionné, il subsiste en lui une frange – peu nombreuse il est vrai mais remarquable par la virulence de ses réactions – franchement réfractaire à toute nouvelle interprétation d'une histoire qu’elle considère comme sienne, acquise et figée.

" Je ne crois pas que la cité ait eu à voir avec la franc-maçonnerie car tous les grands pontes du chemin de fer de l’époque n’étaient pas francs-maçons ; ils étaient saint-simoniens ! " me lance Joël Bevierre avec une pointe de défi. Il n’y a pas ici à "  croire " ou à ne pas croire. Il n’est point question de nouvelle religion à embrasser ; tout juste d’une extraordinaire concentration de coïncidences à élucider.

L’honnêteté intellectuelle de Joël Bevierre au passage, en ajoute une nouvelle car s’il ne fait aucun doute que l’état major du chemin de fer était acquis en son temps aux thèses de Saint-Simon ( le conte ; pas le duc), il ne fait aucun doute non plus que St Simon ne fut pas l’un des moins actifs artisans du développement de la franc-maçonnerie en France.

Aux qualités de Joël Bevierre, on ajoutera au demeurant une franchise qui éclaire sous un angle singulier l’hostilité au nouveau décryptage de l’œuvre de Raoul Dautry : le compagnonnage intrigue ; la franc-maçonnerie effraie.

Le moment venu, il nous faudra bien nous pencher sur les ressorts de cette réaction mais en attendant, il nous faut admettre notre incapacité dans l’état actuel des choses à distinguer clairement dans le symbolisme du plan de la cité ce qui relève du compagnonnage et de la franc-maçonnerie.

Et comme nous le verrons dans un prochain billet, ce n’est pas le symbolisme du fil à plomb dernièrement abordé ici qui nous conduira à trancher en faveur de l’une ou de l’autre des filiations.

 

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Rarement Daniel Druart n'avait eu l'occasion d'exposer ses recherches à un auditoire aussi jeune.

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L'histoire d'une Histoire

 

Vue aerienne

 

 

Ville-champignon érigée autour des rails, Tergnier est une ville que l'on croyait sans autre histoire que celle du chemin de fer et de ses destructions successives par les guerres jusqu'à ce que la curiosité de l'un de ses habitants, ancien épicier, mette à jour des richesses jusqu'alors insoupçonnées venues du fond des âges.  

Sautez dans «  le train en marche » et partager cette formidable aventure humaine aux confins du compagnonnage et de la franc-maçonnerie, dans des registres où se côtoient les applications les plus modernes de la sociologie et les plus anciens rites de fondation des villes, la psychologie et l'économie, l'Histoire officielle et l'actualité d'un passé qui interroge le présent....