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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 13:37

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Un millénaire avant les " mystères d'Eleusis" déjà, Pythagore prônait la conformité de l'ordre social à l'ordre cosmique.

 

 

 

Oui, l’initiation, sous différentes formes, a traversé les époques et les civilisations depuis les temps les plus reculés jusque Raoul Dautry, affirmions-nous au terme de notre précédente étape.

En cela, nous transposions sans difficulté à l’Histoire la réponse à la première des questions posées par Christian Jacq à propos de la civilisation égyptienne.

La même transposition de la réponse à la deuxième de ses questions en revanche, pose une difficulté particulière qui, à bien y regarder, nous éclairera peut-être sur la nature de la frontière ténue à laquelle nous nous sommes souvent heurtés dans nos investigations entre le Compagnonnage et la Franc-Maçonnerie.

« Quelle place ont occupé les confréries de bâtisseurs ? » interrogeait Christian Jacq à propos de l’Egypte ancienne dans sa quête des origines de la Franc-Maçonnerie.

Entre la première et la deuxième question, l’égyptologue romancier tire de fait entre initiation et bâtisseurs un lien direct par lequel il nous renvoie aux origines des confréries or la construction des communautés humaines a pris par la suite bien d’autres voies que celle des constructions de pierre.

De toute évidence, il nous faut nous pencher sur l’évolution même du concept de bâtisseur pour tenter de répondre à la deuxième question.

L’exemple des « mystères d’Eleusis » lui-même donne à penser que, l’ère des premières grandes constructions passée, l’initiation n’eut plus guère d’autre terrain d’expression que celui de la construction sociale.

Un millénaire plus tôt déjà, Pythagore avait ouvert cette perspective en prônant la conformité de l’ordre social à l’ordre cosmique.

L’ordre social n’étant rien d’autre que l’ordre institué dans la ville, elle-même érigée en conformité avec l’ordre cosmique rappelons-le, la position de Pythagore apparaît bien plus dès lors comme une extension logique du champ d’application de l’initiation que comme une transposition à un nouveau champ de substitution.

Reste que dans tous les cas de figure, les nobles desseins du mathématicien se sont trouvés cruellement contrariés par la terrible vague d’épuration qui frappa ses disciples, justement parce que cette perception de la construction sociale mettait en péril la légitimité des pouvoirs en place.

De cet épisode, on retiendra un enseignement majeur : l’évolution du concept même de bâtisseur est aussi étroitement liée à la nature du «  bâti » qu’aux réactions suscitées.

On ne s’étonnera pas dans ces conditions que les initiés ne puissent vivre en harmonie avec leur époque qu’aussi longtemps que le caractère opératif de leur initiation opère ailleurs que dans le champ de la politique. Sauf à la servir, ce qu’il adviendra sous l’influence de l’une des principales voies du Christianisme qui, en soi, constitue déjà une vraie révolution spirituelle.

Jesus.jpg« Pour la première fois, un chef spirituel offre la Connaissance à tous sans imposer le passage par un rituel initiatique » note Christian Jacq.

Dans les faits, les choses ne paraissent pas tout à fait aussi simples – ce dont convient l’égyptologue – puisque, considéré sous l’une ou l’autre de ses différentes formes, le Christianisme fait lui aussi appel à des rituels qui lui sont propres.

Il est incontestable en revanche que le passage d’une initiation vécue dans le secret du rituel à une initiation enseignée bouleverse la donne. Pour la première fois en effet, la médiation entre l’initié et l’initiation ne relève plus de la cohérence d’un rituel imperméable aux aspirations du moment mais de l’intervention, voire de l’interprétation, d’un tiers. Il en faudra un peu plus pour que l’initiation chrétienne soit délibérément instrumentalisée par des humains mais la voie est ouverte.

Christian Jacq y relève trois dates qui ont valeur de repères historiques.

D’abord celle de la signature par l’empereur Constantin de l’édit de Milan instituant en 313 de notre ère la liberté de culte ; dans les faits : la reconnaissance du Christianisme qui devient officiellement l’allié de l’Etat et commence à goûter à ce titre les joies de l’opulence.

Ensuite celle de l’avènement de l’empereur Julien, le propre neveu de Constantin, qui marque en 351 un net reflux du Christianisme au profit de l’initiation traditionnelle qu’il juge plus riche. Lui-même sera d’ailleurs initié au culte de Mithra vers 358 avant de périr cinq ans plus tard dans un affrontement contre les Perses qui sert assez bien au final la cause du Christianisme en difficulté.

La date enfin de l’exécution pour hérésie de l’évêque philosophe Priscillien, initiateur en 375 d’un recentrage sur le Christianisme originel délesté des fastes et des ambitions de la politique.

Il eut tout aussi bien pu y ajouter celle de la guerre délibérément déclarée aux cultes païens et par là, à celui de Mithra en particulier, à Rome à la fin du IVe siècle.

Il eut pu encore y ajouter l’exécution en 524 du philosophe Boèce victime d’un complot et dont on retiendra que «  la vraie noblesse est conférée par les ancêtres initiés. »

Nombreux sont les épisodes qui jalonnent la chute du Paganisme, nom donné, selon le Petit Larousse, par les Chrétiens des premiers siècles au polythéisme auquel les populations paysannes demeurèrent longtemps attachées.

Nous assistons en somme au déclin du culte de plusieurs divinités au profit du culte d’un Dieu unique et fédérateur. Du moins s’agit-il là de la synthèse dualiste de l’Histoire sommairement dégrossie qui sera transmise à des générations d’écoliers or la réalité, nous le verrons dans notre prochain billet, est autrement plus subtile.

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L'histoire d'une Histoire

 

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