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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 07:22

FLORENCE

  

Décembre 1995:

Florence Aubenas s'entretient  devant les ateliers de Tergnier avec Dany Pourplanque, l'un des leader syndicalistes du mouvement de grève.

Les cheminots ternois n'oublieront pas sa capacité à écouter ceux qui souffrent.

   

Photo aimablement prêtée par Joël Bevierre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si l’exceptionnelle cohésion sociale de la cité n’avait été que le reflet  "  du désir de promouvoir l’intégration absolue du cheminot dans son travail ", alors nul n’aurait vraisemblablement plus entendu parler à Tergnier de Florence Aubenas après sa rencontre avec les cheminots grévistes le 15 décembre 1995.

Pour avoir su retranscrire dans les colonnes du quotidien Libération l’envers d’un conflit social cheminot dont la meute des médias nationaux ne retenait que l’embarras causé aux "  usagers otages ", Florence Aubenas s’est acquise en l’espace d’une matinée l’indéfectible reconnaissance des dépositaires d’une culture dont le cours des évènements allait lui montrer combien elle ne se limite pas à une communauté de labeur.

" Elle arrivée le matin vers 10 heures accompagnée d’une photographe ; nous n’étions pas au courant "   se souvient Joël Bevierre. En tant que cadre Traction, il avait été appelé par sa hiérarchie à la guider dans les méandres de la cité. " Toute la matinée, je l’ai promenée dans la cité à bord de ma petite voiture rouge. " florence3

Joël Demarest aussi, s’en souvient. A tel point que lorsqu'il apprend par la radio la libération de la journaliste et de son otage, il n'a aucune difficulté à remettre la main sur l'article de Libé vieux de dix ans.

A l’époque, il préparait le café à la cantine durant l’assemblée générale intersyndicale quotidienne. " Elles questionnait beaucoup ; elle voulait savoir, comprendre notre façon de vivre… Quelqu’un de très simple : en jean et en blouson. Des journalistes de terrains ! Pas cravate ! Elle n’est pas venue pour la parade mais pour s’intéresser à nous ! "

On l’aura compris : le courant est bien passé. A tel point que dix ans plus tard, lorsque Florence Aubenas et son guide Husein Hanoun seront retenus durant cinq mois en otage en Irak, Tergnier comptera au nombre des villes de France où chaque jour, on rappele au monde entier l’attention portée au sort des otages.

L’initiative est de Joël Bevierre et du club Microfer.

Dans le hall de l’hôtel de ville, des portraits des otages appellent le passant à ne pas céder à la banalisation d’une inacceptable captivité.

Sous le titre J’ai hâte de revoir mon aiguillage, le fac-similé d’un article de Libé en date du 18 décembre 1995 rappelle aux Ternois combien elle, Florence, a su écouter dix ans plus tôt la souffrance des Cheminots, celle d’une ville, celle d’une micro-société qui sentait le sol se dérober sous ses pieds.

Elle y raconte la vie dans la cité, la vie dans les familles, la vie d’hommes et de femmes qui se refusent à devenir des variables d’ajustement économique au mépris des engagements qui régulent jusqu'alors leurs rapports avec le travail.

Sans doute Joël Bevierre et tous ceux qui l’ont accompagné dans cette démarche auraient-il pu se dire que Florence Aubenas n’avait finalement fait que son travail de journaliste avant de s’encombrer de l’élargissement des rangs des comités de soutien mais dans cette culture là, même lorsque l’on a quitté l’univers du travail, celui qui a bien travaillé est bien plus qu’un simple travailleur. Qui reçoit donne et réciproquement. Pour la vie.

Cinq ans se sont d’ailleurs écoulés depuis la libération de Florence Aubenas et de son camarade de captivité en juillet 2005 et Joël Bevierre lui-même continue de donner inlassablement. Il donne de son temps à la collectivité. Il partage sa passion pour les belles machines avec la même ardeur que s’il en alimentait le foyer. Et pourtant, il ne travaille plus, lui, le syndicaliste qui ne saurait admettre une remise en cause de l’âge de la retraite. C’est que la culture dont se nourrit son action alimente une façon de vivre bien plus qu’une façon de travailler.

 

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L'histoire d'une Histoire

 

Vue aerienne

 

 

Ville-champignon érigée autour des rails, Tergnier est une ville que l'on croyait sans autre histoire que celle du chemin de fer et de ses destructions successives par les guerres jusqu'à ce que la curiosité de l'un de ses habitants, ancien épicier, mette à jour des richesses jusqu'alors insoupçonnées venues du fond des âges.  

Sautez dans «  le train en marche » et partager cette formidable aventure humaine aux confins du compagnonnage et de la franc-maçonnerie, dans des registres où se côtoient les applications les plus modernes de la sociologie et les plus anciens rites de fondation des villes, la psychologie et l'économie, l'Histoire officielle et l'actualité d'un passé qui interroge le présent....