Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 18:59

14

A en juger par la silouhette, il semble bien que le personnage à chapeau sortant de l'école Jeanne d'Arc soit Raoul Dautry.

 

Abordée dans notre précédent billet sous l’angle de l’économat, la deuxième étape de notre exercice de transposition du diagramme social du Centre de Communication Avancée au prototype urbain de Raoul Dautry a beaucoup à nous apprendre des desseins du père de la Cité.

La première chose qu’il nous enseigne est que Raoul Dautry attendait de son projet des effets à long terme. Alors que son mandat au sein du réseau du Nord lui dictait de placer ses cheminots dans des conditions de vie favorables à une évolution avantageuse de la production, lui, a d’emblée intégré à ces conditions de vie celle d’une autofécondation susceptible d’assurer la pérennité de son modèle social d’une génération à l’autre.

D’emblée, il a intégré dans ses données relatives à la population cheminote les enfants de cheminots, pour une grande part futurs cheminots eux-mêmes.

«Il ne faut pas choisir entre les formations de la vie et de l’école, mais les utiliser l’une et l’autre, les compléter l’une par l’autre. Une intelligence jeune, encore à l’abri des doutes et des soucis, se meuble utilement d’idées, un esprit jeune en contact avec les choses acquiert de l’expérience et du jugement. » clamait-il le 7 janvier 1934 devant la société industrielle de Saint-Quentin.

Les fondements de cette stratégie éducative, on les trouve dans une allocution prononcée en mars 1934 devant une autre société industrielle, celle de Rouen, trois mois après son intervention à Saint-Quentin.

Plaidant la cause d’une « organisation de la production et de la répartition » arbitrée par «  un Etat indépendant », il se réfère à des principes de régulation économique du moyen âge conçus «  pour donner aux hommes les moyens de subsister, tout en fixant ailleurs que dans la production ou la consommation leur idéal de vie. »

En clair, l’homme doit travailler pour vivre mais ne doit pas, selon lui, exister que par son travail ; une thèse qu’il fonde sur la croissance exponentielle de la production «  sans rapport avec le nombre des hommes et souvent sans rapport avec les besoins des hommes. »

Là interviennent dans sa conception du tissu social «  l’Etat indépendant » qu’il appelle de ses vœux ainsi que son bras séculier : l’école.

Il en exposait l’articulation à Rouen précisément. « Quand, par une collaboration plus étroite des intérêts et des ambitions légitimes, la Nation aura assuré à tous ses fils une vie moins défiante, moins hargneuse, moins heurtée et finalement plus heureuse, elle pourra plus facilement se pencher sur leur esprit et sur leur âme et leur proposer un idéal de vie qui ait quelque grandeur. Autant que le redressement des choses (NDR : nous sommes alors dans la grande crise des années 30), importe le redressement des esprits. Au moment où une réorganisation nationale doit être entreprise dans l’effort et le sacrifice, un problème de foi et d’éducation se pose : on ne se bat bien que pour ce que l’on aime, on aime vraiment que ce que l’on connaît… »

L’intégration des équipements scolaires de la Cité entre la coopérative, haut lieu de satisfaction des besoins matériels, et la place de France, centre névralgique de la vie sociale, complète ici le premier niveau de satisfaction des besoins sur lequel s’appuie la fameuse pyramide de Maslow. Une pyramide qui rappelle le clocher de l’école Veltin, sur laquelle nous nous attarderons quelques instants dans notre prochain billet.

20

Reconnaissable à son clocher: l'école Pasteur - celle des garçons- le 16 juillet 1921, c'est à dire lors de l'inauguration de la Cité.

 

16

En vis-à-vis de l'école Pasteur: l'école Jeanne d'Arc pour les filles.

 

18

Au droit de l'école Pasteur et de l'école Jeanne d'Arc: l'école maternelle.

 

 

  25

  Au nord de la cité, une seconde école maternelle jouxte le parc des Buttes Chaumont. Elle est destinée aux plus jeunes enfants.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L'histoire d'une Histoire

 

Vue aerienne

 

 

Ville-champignon érigée autour des rails, Tergnier est une ville que l'on croyait sans autre histoire que celle du chemin de fer et de ses destructions successives par les guerres jusqu'à ce que la curiosité de l'un de ses habitants, ancien épicier, mette à jour des richesses jusqu'alors insoupçonnées venues du fond des âges.  

Sautez dans «  le train en marche » et partager cette formidable aventure humaine aux confins du compagnonnage et de la franc-maçonnerie, dans des registres où se côtoient les applications les plus modernes de la sociologie et les plus anciens rites de fondation des villes, la psychologie et l'économie, l'Histoire officielle et l'actualité d'un passé qui interroge le présent....