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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 12:10

Marc-Fer.jpg

De gauche à droite sur cette photo: Armand Henet, Daniel Druart et Marc Fer qui nous adresse aujourd'hui son témoignage depuis le Bordelais. Les trois gamins posent pour la postérité avec des cerises. "Je crois me souvenir qu'un voisin nous en avait offert" se souvient Daniel Druart qui se plaît à souligner que " pour inciter les voisins à échanger leurs productions, Raoul Dautry avait pris soins de ne pas garnir les jardins des mêmes arbres fruitiers."

 

 

 

Les témoignages successifs de  Jacques Legrand et  Maurice Jacquot ont suscité une vive émotion chez l'un de nos lecteurs du Bordelais. Marc Fer ne doit d'avoir échappé avec sa famille au terrible bombardement du lundi de Pâques 1944 qu'au malaise dont fut victime un curé. Explications...

 

« Mes parents, ma soeur et moi étions réfugiés à Frières. Papa descendait de nuit et avait prévu que nous irions dormir à Quessy Cité le samedi soir chez nous au 26, rue de l'Arc en ciel, pour pouvoir cultiver son bout de jardin le dimanche, le lundi, et rentrer le mardi matin à Frières.

Ma mère et ma soeur devaient assister à la messe de mariage de je ne sais plus qui exactement, à Villequier-Aumont, le samedi matin à 11 heures mais le curé qui devait célébrer le mariage eut un malaise et ne fut remplacé qu'à 15 heures.

Ma mère et ma soeur sont rentrées très tard à Frières, ce qui a contrarié et mis en colère mon père. Il a décidé de ne pas aller à la Cité pour le week end.

Une bombe est tombée devant la porte de la cave de notre maison mais nous n'y étions pas...

Voilà, c'est ainsi.

Je ne peux oublier – et nous étions à Frières ! - les éclairs dans la nuit et le bruit sourd des explosions.

Je n'oublierai pas la famille Venet que nous connaissions bien. Que tous ceux qui sont morts cette nuit là reposent en paix.

Merci infiniment pour le travail que vous réalisez avec Daniel. »

 

Bouleversant témoignage doublé d'un hommage qui, pour deux bonnes raisons au moins, n'en restera pas là. A Tergnier s'élèvent en effet depuis quelques jours des voix en faveur d'une association du souvenir de ces victimes collatérales des préparatifs du débarquement de Normandie aux cérémonies commémoratives de la victoire du 8 mai 1945.

L'autre bonne raison tient au fait que la destruction de la Cité par les bombes a rasé l'immobilier; pas la culture.

Marc Fer lui-même en témoigne au détour d'une question relative aux liens qu'il entretient avec la cité de son enfance: installé dans le Bordelais depuis 1961 après un séjour d'un an à Paris lors de son retour d'Algérie, il ne s'y est jamais senti pleinement «  chez lui. »

« Chez lui », c'est en l'occurrence cette Cité que des écoliers décrivaient durant l'année 1945-1946 dans ce fameux cahier qui vient d'être confié à Daniel Druart.

Ils s'appellent Marcel Picot, Robert Malaquin, Jacques Legrand, Robert Liénard, Guy Morat, Michel Deveaux, Daniel Pecqueux ou encore Roland Hackspille et ce qu'ils disent de la Cité modèle de Raoul Dautry est la trace palpable – nous le verrons dans nos prochains billets – de leur profonde imprégnation du bonheur dont ils se feront les gardiens et les passeurs par delà les bouleversements sociaux à venir.

 

Images d'un carnage

 

Cite bombardeeAu lendemain du bombardement, la Cité n'est plus que ruines. 

 

 

Ferme bombardeeAux portes de la Cité, la ferme des grands-parents de Daniel Druart offre le douloureux spectacle de la mort et de la désolation.

 

 

Cinema bombardeeSur l'ancienne place de France devenue place Raoul Dautry, le cinéma est éventré.

 

 

Piscine bombardeeDe la magnifique piscine ne subsiste que le souvenir.

 

 

Rue de Paris bombardeeRue de Paris, un petit coin de paradis plongé en enfer (photo prêtée par René Giulliani.)

 

 

Cimetière bombardeA la jonction de la Cité et de Tergnier, les bombes n'ont pas épargné le cimetière qui jouxte les ateliers du matériel roulant.

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L'histoire d'une Histoire

 

Vue aerienne

 

 

Ville-champignon érigée autour des rails, Tergnier est une ville que l'on croyait sans autre histoire que celle du chemin de fer et de ses destructions successives par les guerres jusqu'à ce que la curiosité de l'un de ses habitants, ancien épicier, mette à jour des richesses jusqu'alors insoupçonnées venues du fond des âges.  

Sautez dans «  le train en marche » et partager cette formidable aventure humaine aux confins du compagnonnage et de la franc-maçonnerie, dans des registres où se côtoient les applications les plus modernes de la sociologie et les plus anciens rites de fondation des villes, la psychologie et l'économie, l'Histoire officielle et l'actualité d'un passé qui interroge le présent....